Pour commencer, il faut se souvenir que la vallée est aussi européenne que française comme le montre le schéma ci-dessus... Ce n'est qu'entre le XVIème et le XXème siècle que la notion très théorique de "frontière naturelle" a lourdement entravé les échanges humains, économiques ou culturels.
La région faisait partie de la province romaine des Alpes Cottiennes (Cottiæ Alpæ) du nom du roi Cottius (voir carte plus loin), situées entre le mont Viso et le mont Cenis, à cheval sur la ligne de partage des eaux (voir carte ci-dessus). Elle comprend la Haute Durance, la Maurienne, le Val de Suze, rattachées à Rome au Bas Empire. L'arc de Suse, dédié par Cottius, devenu préfet, à l'Empereur Auguste, mentionne "Vénisa-mi" vallée de la Guisane [La Savoie des origines à l'an mil; Ed. Ouest France,cité par Jean Comtat]. Plus au nord (du Mont Cenis au Saint Bernard) se trouvent les Alpes Graies qui comprenait la Haute Isère (Tarentaise). Les frontières du Briançonnais restent indécises avec une dernière rectification en 1946 puis en 1956 ["Dauphiné" de R. Bornecque, A. Boucharlat, J. Serroy, R. Bourgeoit, C. Martel, G. Tuallin, J. Billet et C. Meyzinc] avec le rattachement à la France de la Vallée Etroite et du Chaberton.
Les Alpes n'ont jamais été une barrière aussi formidable qu'elle peut paraître aux gens de la plaine, dans une civilisation où l'on ne sait plus marcher et qui ne connaît plus le mulet. L'ancienneté relative du massif et les glaciations ont permis le creusement de profondes vallées, dégagées par le recul des glaciers depuis quelques siècles. Elles forment des voies d'accès faciles. Sauf en hiver, les cols sont souvent plus praticables que les basses vallées souvent transformées en étroites gorges par les reprises d'érosion consécutives au recul des glaciers. Par exemple la Guisane accédait plus facilement à Suze qu'à Bourg d'Oisans avant la construction de la route au milieu du XIXème siècle. Plus encore, les hauts du massif de l'Oisans sont parcourus de larges sentiers muletiers pavés qui ont longtemps permis aux colpor-teurs de circuler en toute sécurité, les voleurs, et probablement les gendarmes et les douaniers, se tenant dans les fonds car ils étaient bien plus visibles dans les hauts.
Chaque vallée a naturellement formé un pays relativement isolé avec ses particularités bien marquées, presque autant que pour les iles. Le milieu humain n'en est pas moins resté très ouvert sur l'extérieur avec de nombreux échanges entre vallées. Les migrations saisonnières ont été fréquentes en France et parfois jusqu'aux Amériques: colporteurs, professeurs, montreurs de marmottes ou simples ouvriers.
. La vallée de la Guisane est à la frontière des langues d'Oc et du Franco-Provençal [Le terme "Franco-" désignant la langue franque largement répandue au Nord et dont l'influence sur la Savoie a été directe, sans passer par le français d'Ile de France devenue depuis langue officielle.]. "Oui" se disait bien "oï" en patois [Observation de l'auteur, 1975], ce qui fait penser à la langue d'oïl. Mais de très nombreuses traces comme l'usage du mot "serre" ou "puy" pour "sommet" ou "montagne" la mettent en zone occitane bien que les dictionnaires toponymiques occitans du Languedoc ne trouvent que peu de noms communs. Ce rattachement est confirmé par Frédéric Mistral. L'ensemble des vallées de la République des Escartons (voir carte ci-dessus) en porte les marques, jusqu'au blason de certaines communes de la région de Suze en Italie (bandes rouge et jaune de l'Occitanie). La frontière avec la langue d'Oïl passerait nettement au nord du Lautaret, par la partie inférieure de la vallée de la Romanche, La Grave, le Mont Thabor et le Mont Cenis (voir carte ci-dessus).
Le Briançonnais a joué un rôle décisif dans l'histoire locale et internationale (Jacqueline Routier). Il n'en a pas moins été tiraillé entre de nombreux pôles politiques. Après une période indépendante celte se terminant par le royaume de Donnus, il a été rattaché successivement à l'Empire Romain (-58), puis, après quelques invasions, à la Bourgogne (524), à Lothaire (843), à Charles de Provence (879), au deuxième royaume de Bourgogne (rodolfiens), à l'empire germanique (Victor Duruy) entre 1032 et 1272, à la maison d'Albon et au Dauphiné entre 1029 et 1343, à la Couronne de France (1343 - 1789) et enfin à pour partie à la République Française.le reste ayant été attribué dès 1714 au Duc de Savoie.
On pense qu'il y a eu colonisation progressive à partir des zones les plus tempérées, à la faveur du recul des glaciers au -3èmemillénaire aec [avant l'ère chrétienne] (F. Moyrand-Gattefossé et ). D'après M-J Roman les vestiges préhistoriques les plus anciens se trouvent dans la vallée du Rhône. On ne trouve aucun vestige paléolithique: les glaciers recouvraient alors une bonne partie du Briançonnais (Paul-Louis Rousset). On retrouve quelques vestiges néolithiques(3000, 2000 ans aec): pierre à cupules de St. Chaffrey (F. Moyrand-Gattefossé et D. Besset) et une table percée au col de l'Echelle (Paul-Louis Rousset et Didier Besset) la pierre taillée à Rosans, la pierre polie à Gap F. Moyrand-Gattefossé ainsi qu'à Oulx, Salbertrand, Sézanne, des poteries au Val Cluzon, à Freissinière Paul-Louis Rousset etc. Au VIIèmeet VIIIèmesiècles aec. (age du Bronze) on trouve des vestiges à Gap, Embrun, une lame de poignard au Lautaret (F. Moyrand-Gattefossé), une faucille au Montgenèvre, des bracelets de bronze sur les communes de Pelvoux et de St. Véran (Halstatt final), des colliers à St. Véran, divers restes à Villar d'Arène (Paul-Louis Rousset et Roger Merle). A l'âge du fer on trouve des squelettes portant des bracelets de fer à l'emplacement de la gare de Briançon, des tombes caractéristiques de l'époque diteLa Tène[Carré oblong de pierres sans ciment recouvertes d'une grande pierre plate.](-600 - 500 aec) à Bradonecera [Bardonèche ?] et Doria [La vallée de la Doire?]. Ces industries ont donné lieu à des échanges souvent organisés par les Briançonnais (G. Barruol).
LesCeltesarrivent au Vèmesiècle. aec. et s'intègrent progressivement aux Ligures F. Moyrand-Gattefossé, précédents occupants des deux versants des Alpes au -VIème-Vèmesiècle aec. Paul Louis Rousset. Cette civilisation celto-ligure durera jusqu'à la colonisation romaine. La culture celte a probablement laissé de nombreuses traces sans que l'on puisse toujours les lui attribuer clairement. Il en est ainsi d'Annavasca (Névache), La Dour (lieu-dit de Briançon), les noms de Doria ou Durance (dedruirgaulois, source) Didier Besset La Chau, Lachau (commune de Cervière, vallée de la Guisane), Segusiani, Taurini, Brig ou Bric (pré-celtique ou celtique) Paul Louis Rousset.
Les Celtes sont organisés en quatre confédérations (M.J. Roman) decapillati [Ou chevelus, d'après Pline.]:les Voconces à Die (J. Moreau), Gap (M.J. Roman), les Allobroges arrivés de Suisse en -700 (S. Batfroi) et qui s'étendent vers Grenoble puis Vienne. Les Caturiges (Chorges), que certains supposent d'origine grecque et qui furent chassés du Piémont par les Insubriens (Pline, antérieurement à l'an du monde 3416 [Origine de datation non précisée] date d'une expédition des Belloves). Ils auraient fondé Briançon du nom d'une ville qu'ils avaient outremont (Ladoucette). Plus tard (M.J. Roman), on parle des Caturiges, des Quariates(Queyras), des Briciani (Briançonnais) ou Brigiani d'après le monument de La Turbie au -VIèmesiècle (Moyran-Gattefosse), desVoconces (Gap) et des Tricoriens.
Le gaulois Bellovèse se rendant du Bas-Rhône en Italie, puis les envahisseurs celtes à sa suite (-VIème-IIIèmesiècles aec.), se heurtèrent à la résistance des Briançonnais (Paul-Louis Rousset). Avec Brennus, son compatriote, , Bellovèse vainquit les Taurini (population autour de Turin) à MontGenèvre, créa la cité de Suze, Ségusioà l'époque (de Ségus du celte Sieg: victoire ou d'un terme des Ombriens antérieurs) et installa les premiers fondements de Milan (Gl. Beauvais). Il semble que cette conquête ait perturbé le commerce de l'étain entre Bas-Dauphiné et Pô (B. Bligny) ce qui montre l'importance économique autant que militaire des cols transalpins dès cette époque.
En -218, Hannibal a traversé les Alpes. Certains pensent au Montgenèvre, mais les il est plus probable qu'il a emprunté la Maurienne (Val d'Ambin, Col du Clapier, Suse) Dr. Lavis-Trafford et PaulLouis Rousset.
Entre -100 et -44, cette région devint royaume de Donnus (Moyran-Gattefosse), contemporain de Jules Caesar (Paul-Louis Rousset). Il fut fait citoyen romain sous le nom de Donno par Ottaviano Augusto (-62 à +24) et ouvrit le Montgenèvre aux Romains. Son fils Marco Giulio Cozio ou Cottius, contemporain d'Augustus (... +63), lui succéda. Sa capitale était à Suse (Gl. Beauvais) ce qui explique que Pline place les Brigianichez les Segusiani (Suze). Il contrôlait les trois cols du Mont Cenis, du Montgenèvre et du Lautaret. Il empêcha le passage des Romains et ne put empêcher que son peuple rejoigne la révolte des Salasses contre Rome. Il perdit alors son titre de Roi (M-J Roman.)
Après des négociations (accords de 58 aec.),Cottius, se soumit volontairement à Rome en 13 aec (Moyran-Gattefosse) comme en témoigne l'arc de triomphe de Suze (9 aec) où sont inscrits les noms des peuples soumis à Cottius. Il conserve ses prérogatives locales et devient préfet. Il favorisa la soumission des montagnards en pratiquant dans les Alpes des chemins commodes dont on voyait encore les vestiges en 1829 (Gl. Beauvais), et dont un tronçon est encore visible en 1999 à St. Chaffrey entre le Réguignier et la chapelle St. Arnoul (Moyran-Gattefosse).
Dauphiné et Savoie | Europe |
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- VI ème: Le Dauphiné est
occupé par les peuples celtes: Allobroges entre le Rhône et l'Isère, Voconces, entre
l'Isère et la Durance. - Les Allobroges s'allient à Carthage |
- VI èmesiècle: Les celtes envahissent la Gaule |
-121: Les Allobroges, alliés aux Arvernes, sont vaincus et soumis par les Romains (122-118). Dans les Hautes Vallées quelques tribus gardent leur indépendance. | -59 -51: Conquête de la Gaule par Jules César |
En 44, Claudius Imperator redonna le titre de Roi au fils de Cottius, Marco Giulio Cozio II. Après sa mort en 63, Néron réduit le royaume au rang de province (Alpae Cozziae). Elle comprenait la Maurienne, le Briançonnais, toute la vallée de Suze jusqu'au Pô. Constantin la fusionna avec la Ligurie en conservant le nom d'Alpes Cottiennes (M-J Roman). Rome y installa [ou conforta] 4 grandes voies:
D'après J. Roman les restes de la période romaine sont également fort rares du fait de l'érosion. On ne retrouve que deux spécimens de camps ou de voies sur les hauteurs, mais rien dans les fonds.
Dauphiné et Savoie | Général |
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Ier siècle. Vienne devient la métropole de la région | IIème-IVème siècles: Haut Empire |
IIèmesiècle.: Apparition du Christianisme dans la région | |
377: L'empereur Gratien fait de la petite cité de Cularo (Grenoble) le siège d'un évêché | IVème et Vème
siècles: Bas Empire. 313: Constantin accorde aux chrétiens la liberté de culte (édit de Milan) |
La région subit les conséquences de l'effondrement de l'Empire Romain. Au Vèmesiècle, la zone est traversée par lesWisigothsde passage entre l'Italie et le Sud-Ouest de la Gaule (Paul-Louis Rousset) puis est envahie par les Goths, les Burgondes en 443 pour la Savoie et en 480 pour le Briançonnais, lesOstrogoths en 523 (Ladoucette) . Les Burgondes fondent un royaume dont fait partie le Dauphiné qui est contrôlé (524) puis annexé (537) par les Francs. Enfin lesLombardss'installent en 568 au nord de l'actuelle Italie ou ils furent contenus malgré des poussées vers Lyon (570-576) Victor Duruy
A la fin de l'Empire de Rome, l'Eglise Catholiqueest devenue une puissance politique importante: le Briançonnais est rattaché successivement à plusieurs provinces: Alpes maritimes (Archevêché d'Embrun), puis Deuxième Narbonnaise (Evêché de Gap) ou Viennoise (Evêché de Grenoble) (Ladoucette) . Il n'y a pas de données précises sur le VIIèmesiècle.
D'après F. Moyrand-Gattefosse [qui cite Manteyer, le livre du journal tenu par Fazy de Rame 1471-1507, Gap 1932.], au VIIIèmesiècle, le patrice [??? voir J. Comtat] Abbon administrait toutes les Alpes du Sud: la Maurienne, la Tarentaise, le Grésivaudan, le Viennois, le Mâconnais, l'Embrunais, le Gapençais, l'Ubaye, Vaison, les pays de Sisteron, Marseille, Arles, Toulon, Riez, Die, Apt, Cavaillon. Par un testament du 5 mai 739, connu sous le nom de "testament d'Abbon", il léguait à l'abbaye de Novalaise, au pied du col du Mont Cenis, une grande partie de ses biens. Ce testament renforça (créa? Paul-Louis Rousset) la Novalaise [Lesa: défriche, mise en culture]. Elle attira les marchands et les pèlerins au détriment du Montgenèvre Paul-Louis Rousset. Ce testament décrit cinq pagi (M.J. Roman):
Cette abbaye de la Novalaise, fondé en 726 abrita jusqu'à 500 copistes. Elle fut incendiée en 906 par les Sarrasins, mais les moines purent se réfugier à Turin avec 6000 manuscrits (Moyran-Gattefosse). Après l'incendie, les possessions de la Novalèse sont partagées. Saint Laurent d'Oulx recevra la majeure partie, le reste ira à l'abbaye de Bréma dont dépendront le Monêtier et Puy Saint Pierre jusqu'au XVIèmesiècle (Moyran-Gattefosse). L'abbaye d'Oulx percevra la dîme sur le Monêtier et sur Puy St. Pierre jusqu'en 1789 (Moyran-Gattefosse).
Au traité de Verdun (843) qui entérina la division de l'Empire Carolingien, Lothaire avait reçu la région Rhône-Alpe (Moyran-Gattefosse). Charles de Provence, son fils, hérita en 879 de la partie Sud-Est ou Bourgogne cis-jurane, future Provence. Devenu Empereur, Charles cède le gouvernement de ce royaume à Boson, son beau-frère, qui fut sacré roi et 879 et mourut en 887 (Moyran-Gattefosse). Un siècle plus tard (Moyran-Gattefosse) ce royaume agrandi de la Savoie constitue le deuxième royaume de Bourgogne (royaume d'Arles et de Vienne), gouverné par les Rodolphiens dont le dernier fut Rodolphe III (933-1032). Celui-ci légua son royaume, à Conrad le Salique, Empereur de l'Empire Romain Germanique (Moyran-Gattefosse) mais le Viennois en avait été détaché ce qui marque le début de la Savoie et du Dauphiné.
Pendant tout le Xème.siècle, la région est troublée par des invasions d'Arabes [le terme Sarrasins est plus exactaut] et de Hongrois [Magyars en 924-926 et à nouveau en 951-953 (Paul-Louis Rousset) et par la compétition entre les princes. Il existe malheureusement peu de documents sur cette période (M.J. Roman). Pour A. Amman et E-C. Coutany les Sarrasins avaient conquis la Corse, la Sardaigne, mené des incursions jusqu'à Rome (846). Ils s'établirent à Fraxinet (La Garde Freinet près de St. Tropez) en Provence (J. Comtat), occupèrent les cols des Alpes.. Ils furent chassés des Alpes vers 960 par Conrad roi de Bourgogne. Guillaume I, comte de Provence leur reprit Fraxinet en 972. Ils firent prisonnier l'Abbé de Cluny en 972 pour ne le libérer que contre rançon vers 983. Guillaume I, et Arduin, marquis de Tunis décidèrent de s'unir pour en débarrasser définitivement les Alpes (PaulLouis Rousset).
D'après J. Roman il ne reste aucun monument de l'époque mérovingienne et carolingienne sauf les substructions d'une chapelle, quelques monnaies et quelques sépultures.
Dauphine et Savoie | Général |
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Vèmesiècle: Le Dauphiné est envahi successivement par les Goths, les
Burgondes (443 en Savoie). Ces derniers fondent un royaume dont fait partie le Dauphiné.
Les Lombards (568)
Vèmesiècle: création du monastère de St. Maurice |
Vème-VIII
èmesiècle: Mérovingiens.
Vèmesiècle. Grandes invasions germaniques |
524: Les Francs conquièrent le Dauphiné (524) et la Savoie (531) | |
843: Le Dauphiné est attribué à Lothaire | IXème-X
èmesiècles: Carolingiens. 843: Traité de Verdun partageant le royaume de Charlemagne |
IXème-Xèmesiècles. Des bandes importantes de Sarrasins pillent les vallées | 1328 Avènement des Valoisiens sur le trône de France |
879: Boson proclamé roi du deuxième royaume de Bourgogne dont fait partie le futur Dauphiné 1032: Le dernier successeur de Boson, Rodolfe III, sans enfants, lègue ses états à Conrad II le Salique, roi de Germanie en 1024, d'Italie en 1026, |
Xèmesiècle: Profitant de l'impuissance du roi de France à se faire obéir, les ducs, Comtes et évêques qu'il avait nommés s'attribuent la propriété de leurs circonscriptions. |
En 1011, vingt et un ans avant sa mort, Rodolphe III avait légué le comté de Viennois à Brochard, archevêque de Vienne (Moyran-Gattefosse). Trop âgé, celui-ci le partagea vers 1029 (Larousse Encyclopédique 1960) entre ses deux neveux, Humbert de Maurienne qui reçut le Nord, future Savoie, et Guigues 1er, dit "Le Vieux" [Orthographié Gui ou Guy par Ladoucette], sire de Vion et comte d'Albon, qui reçut le Sud, futur Dauphiné: dont, au moins en théorie, Briançon, le val de Suze et Chisone (Chizone).
Ainsi, ces deux maisons [famille noble] commencent donc en même temps une histoire parallèle (Gl. Beauvais) et rivale, dans cette période d'agglomération progressive des unités territoriales en ensembles politiques de plus en plus importants. Si le Dauphiné est rattaché à la couronne française dès 1343 ou 1349, la Savoie résistera cinq siècles jusqu'en 1860 après plusieurs conquêtes (Bonaparte 1796) et échanges de territoires. Le Gl. Beauvais décrit la Savoie (lat. Sabaudia) comme une contrée montagneuse de la Gaule Narbonnaise allant du Rhin à la plaine du Pô et du Léman (même le Vaud et une partie du Valais) à la région de Grenoble.. Mais la Maison de Savoie deviendra la famille royale d'Italie après l'avoir unifiée.
Guigues 1er rattacha à ses terres le Briançonnais (1039) antérieurement sous l'autorité de l'Empereur Henri III (Moyran-Gattefosse) mais où la Maison d'Albon était connue depuis le Xème.siècle. En 1039, ils se soumirent volontairement aux Dauphins, pour échapper aux brigues aristocratiques [Abus de pouvoir des nobles locaux?], et conservèrent en compensation leurs privilèges locaux (Ladoucette). Guigues 1ermeurt en 1075 (Gl. Beauvais).
Son fils Guigues II dit "Le Gras" régna jusqu'en 1080 et semble avoir conforté sa position en Haut Dauphiné: En 1063, Adamou Ada fut châtelain de Briançon pour le comte d'Albon. (Cartulaire d'Oulx, donation en 1053 de terres de Briançon à l'Abbaye d'Oulx). D'après Le Baron Borel du Bez citépar G. Sentis, le 13 janvier 1115, Rodolphe de La Salle contre-signait l'acte de concession des mines d'argent de La Rame (maintenant l'Argentière) par Frédéric Barberousse au Comte d'Albon.
Guigues III, fils de Guigues II, lui succéda jusqu'en 1120 et fut remplacé par son fils Guigues IVqui fut le premier à porter le titre de Dauphin. A sa mort en 1142, la régence fut assurée par son épouseMargueritede Bourgogne. Leur fils,Guigues V, fut brillant à la cour de Frédéric 1er, Empereur Romain Germanique, mais ne régna pas longtemps.
A sa mort en 1162, Margueritereprit la régence et transmit le pouvoir au neveu de Guigues V,Guigues VIdit André. En 1202 (Grand Larousse Encyclopédique) Guigues VI réunit à ses états le Gapençais et l'Embrunais. Il meurt en 1236. Son filsGuigues VII prit le dauphin dans ses armoiries. Il meurt en 1270 en ne laissant qu'un fils, Jean, sans enfant.
Pendant ce temps, Humbert de la Tour [du Pin] (1240-1307) comte du Viennois et fils cadet d'Albert III succède à son frère Albert IV (Gl. Beauvais). Il épouse en 1273 Anne, fille de Guigues VII. Il obtient en 1281 la totalité des états du Viennois et devient ainsi Dauphin sous le nom de Jean I. Il fut protégé des ducs de Bourgogne et de Savoie par Philippe le Bel. Son fils Jean II lui succède jusqu'en 1318, suivi par Guigues VIII jusqu'à sa mort au siège du château de La Ferrière [La Perrière dans Lous Escartoun] en 1332.
Humbert II, fils de Jean II succède à Guigues VIII en 1333. Humbert II réprima les banquiers (Juifs ou Lombards) qui pratiquaient l'usure. Il fonda des maisons hospitalières, au Montgenèvre et dans la combe de Malaval au Lautaret. Il instaura dans plusieurs communes des monts de piété ougreniers d'abondance (Ladoucette). Humbert II contribua fortement à l'organisation politique en créant un conseil delphinal (1336), une chambre des comptes (1340) et l'université de Grenoble (1339) (Grand Larousse Encyclopédique=). Il fut l'artisan de la libération des communautés des droits féodaux (Charte de 1343 etc.)
Ce qui deviendra le Dauphiné se constitue donc peu à peu mais restera soumis aux aléas de la guerre et des alliances et à la rivalité de la maison de Savoie. .
Il semble (G. Sentis) que les seigneurs de La Salle résistèrent à l'emprise des Dauphins.. Pour briser leur résistance, le Dauphin dut retirer des biens à Emery de La Salle et favoriser les Bérard auxquels Guigues-André avait concédé entre 1226 et 1232 un fief important (Alpages du Granon, Cristol, Longuet, l'Oule, du torrent du Bez à la Clarée). Si les Dauphins maîtrisèrent la noblesse laïque, ils durent partager le pouvoir, en particulier la justice, avec les évêques de Vienne, Embrun, Grenoble et Gap (Grand Larousse Encyclopédique).
Dès le commencement du XIII èmesiècle les marquis de Saluzzo [Humbert II, comte de Savoie, mort en 1103 hérita pourtant du marquisat de Suze de son aïeule Adelaide.], pressés de tous côtés par leurs puissants voisins les comtes de Savoie, implorèrent la protection du Dauphiné Le château de Casteldelfino (Château-Dauphin) fut bâti en 1228 par le dauphin Guigues-André.. Le Faucigny [Entre Chablais et Bornes, drainé par l'Arve et le Giffre] se rattache en 1241 par mariage. .. En 1549 le dernier marquis de Saluzzo étant sans descendance, le roi Henri II réunit ses domaines à la France qui les garda jusqu'en 1601, lorsque Henri IV les céda à Charles Emmanuel de Savoie en échange de la Bresse. (Chabrand et Rochas d'Aiglon).
Sans descendance et endetté, Humbert II vend ses domaines au Roi de France, Philippe VI par le traité de Romans, signé le 30 mars 1349. Le 23 avril [mai ?] 1343 il remit le sceptre du Dauphiné à Charles, fils du futur "Jean le Bon", duc de Normandie lui-même fils de Philippe VI. Humbert II fit jurer par son successeur l'observation de la charte qu'il venait de signer et qui fixait les privilèges des habitants du Haut Dauphiné Dictionnaire national des communes de France, Ladoucette et le Gl. BeauvaisRochas d'Aiglon). . Cet héritage fut confirmé auprès de Jean le Bon, en faveur de son fils, le futur Charles V alors Duc de Normandie, qui fut ainsi le premier héritier de la couronne de France à porter le titre deDauphin. [Charles IV le bel, fils de Philippe le Bel succéda à son frère Philippe le long (en 1322). A sa mort en 1328, la couronne passe à Philippe de Valois puis en 1350 à son fils Jean le Bon auquel succèdera en 1364 Charles V dit le sage, premier à porter avant son sacre le titre de Dauphin lorsqu'il était déjà duc de Normandie] Humbert II se retire, part en croisade, entre dans les ordres de St. Dominique et meurt à Clermont en Auvergne en 1355.
Dauphiné | Savoie | Général |
1040: Guigues 1er le vieux, fondateur de la première dynastie, possède déjà en plus du Viennois, le Grésivaudan, l'Oisans, le Champsaur et le Briançonnais | 1048: Mort du Comte Humbert I, fondateur de la Savoie. | Xème-XVIème siècles: Capétiens |
1084: Saint Bruno fonde le monastère et l'ordre de la Grande Chartreuse. Au cours du XIèmesiècle, huit grands monastères sont ainsi fondés: St. Hugon, Léoncel, Durbon, Bouvante et Prémol. | Fin du Xèmesiècle. La Savoie comprend Belley, Sion, Aoste, Maurienne, Chablais, Piémont. | 1085: Hérésie de Pierre de Bruys. 1095: Première croisade. |
1110: L'appellation de "Dauphin" apparaît pour la première fois dans une charte. | Vaud, Piémont, Valais, Faucigny, Beaufortin, Gex... | 1180-1223: Règne de Philippe Auguste; |
1192: Guigues André, fondateur d'une nouvelle dynastie, fait du nom de "dauphin" un titre seigneurial. Au cours de cette dynastie, l'Embrunais et le Gapençais seront rattachés au Dauphiné. | 1226 - 1270: Louis IX le Saint, mort à Tunis | |
XIIème-XIVèmesiècles: Les villes et bourgs luttent pour obtenir de leur seigneur une charte fixant leurs droits et obligations. Parfois la charte de la communauté des villages d'une vallée fixe les corvées, les droits de pâturages, de forêts etc. | 1270-1285: Philippe III le Hardi | |
1285: Pour la première fois, les possessions du Dauphin sont désignées sous le nom de Dauphiné. | 1285-1314: Philippe le Bel 1314-1316: Louis X ?? 1316-1322: Philippe V, Le Long. 1322-1328: Charles IV. | |
1333: Début du règne de Humbert II, dernier dauphin du Viennois 1343 (23 mai): Charte accordée par Humbert aux Briançonnais |
Rivalité avec le Dauphiné | 1328-1350: Philippe VI de Valois. >Guerre de 100 ans |
1349: Humbert II vend ses états au fils aîné du roi de France qui devra désormais porter
le titre de dauphin. Fin du Dauphiné Indépendant. |
1350-1364: Jean le Bon; 1364-????: Charles V le Sage. |
Jusqu'au XIèmesiècle, le Dauphiné était divisé en mandements [châtellenies] dirigés par des châtelains avec pouvoir militaire puis financiers et judiciaires (Grand Larousse Encyclopédique). Ils sont progressivement remplacés par les bailliages, nouvelle structure avec de nombreux pouvoirs. En plus des pouvoirs administratif et judiciaire, ils lèvent des troupes, centralisent les impôts, rendent la justice et utilisent à cet effet des suppléants, juges mages ou majeurs (M.J. Roman). Le Bailliage de Briançon apparaît dès le XIèmesiècle pour être confirmé au XIIèmesiècle, modifié en 1447 par Louis, futur Louis XI. Le premier Bailli, Pierre Claret, est pour une durée limitée. Il est assisté d'un juge maje à partir du XIVèmesiècle puis d'un conseil de bailliage (1336). Le Bailliage de Briançon est divisé en Châtellenies: Briançon, Vallouise, St. Martin de Quèrières, qui formeront plus tard l'escarton de Briançon [Voir paragraphe suivant], le Queyras, Oulx, Exille, Salbertrand, Pragelas, Bardonnèche qui formeront autant d'escartons. En 1447, Louis découpe la région en deux bailliages: Plain pays et montagne et sépare les pouvoirs administratifs et judiciaires.
En 1453, le conseil delphinal est érigé en Parlement à Grenoble. En 1789 on trouve encore les vibailliages de Briançon (juridictions de Abriès, Arvieux, Briançon, Cervière, Chantemerle,... Le Monêtier de Briançon,... Saint Chaufferie [Probablement St. Chaffrey.], La Salle, ...), Embrun, Gap, Grenoble, Buis, Sisteron. Le département des Hautes Alpes sera créé à partir des trois vibailliages de Gap, Embrun et Briançon (sauf La Grave).
D'après J. Roman du Moyen Age, il ne reste que deux donjons du XIème.siècle dans l'arrondissement de Gap. Les monuments des XIIIèmeet XIVèmesiècles sont très rares. Seuls subsistent les constructions militaires du XIVème.siècle mais rien à Briançon où le Dauphin était à peu près le seul seigneur. Il reste également des constructions civiles, assez rares. La plupart des églises de Briançon et de l'Embrunais ont été remplacées par des édifices inspirés des églises lombardes du XIIème.siècle, édifiées par des architectes [piémontais L'adjectif "Italien" est prématuré.] , avec quelques modifications imposées par la rigueur du climat, la pauvreté et le peu de population. De cette époque datent les clochers si caractéristiques de l'Embrunais et du Briançonnais avec les ouvertures géminées, les flèches octogonales cantonnées de quatre pyramides triangulaires, ainsi que de nombreux spécimens de fresques.
Comme le rappelle Ladoucette, dans le Briançonnais, la liberté est vivace, comme les mélèzes. Ce fait est illustré par la permanence d'une relative indépendance des pouvoirs centraux depuis l'époque antique. Au Moyen Age, le Briançonnais couvrait les deux versants des Alpes: 1) Haute Durance, 2) Haute Doria Riparia et Chisone (Chisone); 3) le Queyras, 4) la région d 'Oulx, Cesanne et Fenestrelle; 5) Châteaudauphin (Casteldelfino) qui constituent les cinq Escartons. Il conserva jusqu'en 1790, ses institutions, ses mœurs originales et son langage particulier (T-A. Chabrand et A. Rochas d'Aiglon )
Les paysans furent libres dès le XIèmesiècle, leurs communautés obtinrent des chartes de franchises dès le XIIèmesiècle. Le 6 octobre 1244 une charte (Paul-Louis Rousset) affranchit de toute taille les roturiers habitants de Briançon. Les Briançonnais supportèrent mal l'autorité du Comte d'Albon. Les exactions des officiers delphinaux provoquèrent une enquête (1260-1265). Elle aboutit à une réduction des droits de mutation foncière (1316), donnèrent des privilèges aux habitants des puys (1318) [Villages ou hameaux situés dans les hauts]. Nota : Il semble que ces chartes aient été courantes en zone de montagne, difficilement contrôlables. Gap a obtenu une Charte en 1378. D'après Jordan. Vaulruz aurait obtenu de Fribourg une charte calquée sur celle que la Maison de Savoie avait accordé à Moudon, capitale du pays de Vaud et qui faisait référence. L'indépendance arrachée par les cantons helvétiques relève de la même volonté de liberté, qui semble avoir été générale dans les Alpes, comme en toute zone difficile d'accès. Sur la charte de Moudon, voir les sites internet J-J Bouquet et A. Verdeil
Par une charte de 1343(23 mai), Humbert II (1333-1349) abandonna aux habitants tous droits seigneuriaux, devoirs féodaux, tailles, octrois, gabelles sauf celle de l'avoir lanuqu'il continua à percevoir sur les bêtes à laine. Il les autorisa à posséder des fiefs et héritages quelconques, en particulier ou en mainmorte [Biens communautaires inaliénables] , moyennant 12000 florins à acquitter en 6 ans, et une somme annuelle qui fut portée à 4000 ducats. Il leva l'obligation de baiser son pouce et le remplaça par le baiser du dessus de la main ou même du chaton de sa bague. Une clause importante fut la création de sortes d'Etats ou de conseils connus sous le nom d'Escartons[Dans la tradition de la Guisane, T.A. Chabrand et A. Rochas d'Aiglon donnent le nom d'Escarton à l'ensemble.]. Cette Grande Charte concernait 52 villes. Elle fut confirmée en 1349 (Grand Larousse Encyclopédique) et le 4 juin 1630 par arrêt du conseil d'Etat [du Dauphiné] et en 1655 par arrêt du Parlement de Grenoble. On y répartissait les contributions et la portion des dépenses locales qui concernent les besoins de l'arrondissement. On y veillait à la subsistance, à la garde des frontières et à la levée des gens de guerre. D'après un article de cette convention delphinoise, tous les habitants étaient obligés, à la réquisition du Bailli, et dans son ressort, de prendre les armes pour le souverain. Chaque vallée avait des archives centrales. Les consuls tenaient périodiquement assemblée. Les comptes annuels des deniers communaux étaient affichés à la porte des églises.
Ces communautés du Briançonnais formèrent ainsi une espèce de fédération, combinaison du municipe romain et du fédéralisme gaulois (T.A. Chabrand et A. Rochas d'Aiglon ). Elle comprenait tout le bailliage et se nommaitRépublique des Escartons[ Dans la tradition de la Guisane. 39. donne le nom d'Escarton à l'ensemble.] fédération d'unités territoriales (Briançon, Queyras, Oulx, Valcluson / Pragelas, Châteaudauphin). Les réunions se tenaient deux fois l'an à Briançon avec deux ou trois députés par Escarton. Les Escartons avaient droit d'assemblée et d'imposition des populations. Le terme escartou, escartons ervait également à nommer la quote-part des charges de chaque escarton. Le terme apparaît au XIIIèmesiècle alors que le terme demandement apparaît dès le XIèmesiècle (Ladoucette]. Les communautés vont racheter les parts des anciennes seigneuries (G. Sentis) qu'un Bérard ou un Borel vendent à St. Chaffrey en 1557 pour 1150Francs d'or pendant que La Salle achève d'acquérir le fonds Bérard en 1541 pour 90 écus d'or "au soleil". Il en fut du même au Monêtier dès 1402. Les familles nobles devront quitter le pays où y vivre modestement comme les La Salle .
Après la vente du Dauphiné à la Couronne de France, le contrat passé avec Humbert II fut respecté. Le Dauphiné fut effectivement géré par le Prince héritier du Roi de France, et les chartes confirmées et respectées. Le Dauphin Charles créa ainsi en 1357 les "Etats provinciaux du Dauphiné" et définit en 1355 les limites avec la Savoie [Traité de Paris, 5 janvier 1355]. Le Faucigny revient à la Savoie, et l'Ouest du Guiers au Dauphiné.
Le Dauphin Louis II résida sur place, et réorganisa vigoureusement de Dauphiné. Devenu roi sous le nom de Louis XI (1461-1483), il le rattache à la couronne elle-même, l'union définitive fut proclamée en 1560 (Grand Larousse Encyclopédique). Le Dauphiné est alors traité comme n'importe quelle province et en particulier sous Louis XIV (1643 - 1715). Les Etats sont suspendus en 1628, Briançon fut cédé à la Savoie en 1697 (paix de Ryswick). Egalement, en 1713, le traité d'Utrecht donna au roi de Sardaigne (et duc de Savoie) les vallées vers le Piémont: Suze, Pra Gela, Châteaudauphin (T.-A. Chabrand et A. Rochas d'Aiglon). Cette dernière décision défavorisa les affaires de Briançon car le roi de Sardaigne préféra faire passer le trafic par le Mont Cenis situé sur ses terres.
Le Dauphin continue à partager ses pouvoirs avec l'Eglise:Une Charte de Gap: (1378) est accordée par le seigneur-évêque. Trois consuls et un conseil de communauté. Redevance à l'évêque: 1 pain sur 28 et 1 litre de vin sur 18. Juge nommé et payé par l'évêque, il lui est interdit de recevoir des présents. Les dols sont tarifés, les mauvais payeurs renvoyés, nus, de la ville. Les marchés sont inspectés au moins une fois par semaine, le poids des pains et la qualité des viandes sont vérifiés (Guide Michelin).
Au XVIème.siècle d'après J. Roman, les anciens édifices sont élargis et ornés, souvent à l'aide d'artistes piémontais ou étrangers. On ajoute devant les églises des porches élégants avec des colonnes soutenues par des lions accroupis et les peintures abondent. Après 1562, les guerres de religion sévissent pendant au moins vingt ans, et le fanatisme détruit partout nombre d'édifices, mais heureusement assez peu dans le Queyras, l'Embrunais et le Briançonnais. Au XVIIIème.siècle, la restauration des édifices apporte les retables en bois, les autels, les parements d'autels en cuir gaufré et les ornements brodés. Les châteaux dignes de ce nom sont très rares du fait de la pauvreté de la noblesse qui logeait dans des fermes. Les plus anciennes fortifications sont celles d'Embrun (1581). En 1692, Vauban fut chargé de fortifier la région.
Dauphine | Savoie | Général |
---|---|---|
23 avr 1349: Traité de Romans pour la vente du Dauphiné au Roi de France. | 1314-1316: Louis X 1316-1316: Jean I 1316-...Philippe V le Long ...-1350, Philippe VI de Valois | |
1349: Charles 1er, premier Dauphin et futur Charles V. réside quelques mois à Grenoble 1378: Charte de Gap. |
1355: Traité de Paris 1391: La Savoie devient Duché. |
1350-1364: Jean le Bon 1364-1380: Charles V 1380-1422: Charles VI 1429-1441: Charles VII |
1423: Le Valentinois et le Diois définitivement incorporés au Dauphiné | 1429: Jeanne d'Arc délivre Orléans | |
Le dauphin Louis II, futur Louis XI arrive en Dauphiné pour 9 ans. Ce fut le dernier dauphin indépendant du Roi de France. | XVèmesiècle. Renaissance (début). 1453: Prise de Constantinople par les Turcs. | |
1481: Ouverture du tunnel de la Traversette (Queyras) | 1461-1483: Louis XI. | |
1489-1565: Guillaume Farel (prédicateur protestant) | 1467-1477: Charles le Téméraire | |
Les guerres d'Italie | ||
1494: Charles VIII passe à Grenoble, La Mure, Gap, Briançon et pénètre en Italie par le Montgenèvre | 1492: Christophe Colomb en Amérique | |
1499: Louis XII franchit le Mont Genèvre | ||
1513-1586: Baron des Adrets | ||
1515: François 1er franchit le col de l'Arche vers l'Italie | 1515-1547: François 1er. Henri II François II 1560-1574: Charles IX Henri III | |
1530-1575: Montbrun 1560: Union définitive à la Couronne de France |
1555-1580: Emmanuel Philipe, capitale Turin. | XVIème- XVIIIèmesiècles:
les Bourbons Henri IV (1589 - 1610) Louis XIII: 1610-1643 Louis XIV: (1643-1715) Lois XV: 1715-1774; Louis XVI: 1774-1791. |
1692: Au début de la guerre contre la ligue d'Augsbourg, les troupes du Duc de Savoie envahissent le Dauphiné et sont refoulées par le général Catinat. | ||
Vauban est chargé de fortifier Grenoble, Briançon, Mont-Dauphin et Château Queyras | ||
1710: Pendant la guerre de succession d'Espagne, le maréchal Berwick arrête 30 000 piémontais et savoyards qui tentaient d'envahir le Dauphiné | ||
1713: Au traité de paix d'Utrecht, la France abandonne au Duc de Savoie le versant italien [vallées de Bardonnèche, Oulx, Pragelas] et reçoit l'Ubaye | 1713: La maison de Savoie récupère les vallées italiennes du Dauphiné. 1718: Victor Amédée, duc de Savoie est fait Roi de Sardaigne. 1730-1773: Charles Emmanuel II |
1715: mort de Louis XIV |
Les religions a toujours été l'apanage de l'homme et les explications du monde qui les fondaient ou qu'elles ont produites, ont souvent été incompatibles entre elles, source interminable de discussions et de conflits.
Le Mons Matrona (Montgenèvre), comme Suze, étaient le lieu de culte celtique de la Déesse de la fertilité. Cacus (celte), puis Jupiter (romain) fut adoré près des sources de la Durance et de la Doria. Le Lautaret signifiepetit autelmais on ne sait en faveur de qui (Voir A. Allix p. 194 et PaulLouis Rousset, p. 514)
L'évangélisation chrétienne date du IVèmesiècle grâce à Saint Marcellin, évêque d'Embrun, et s'impose rapidement comme religion unique. Il fallut attendre six siècles pour voir apparaître une première hérésie vers 1085 avec Pierre de Bruys (Roger Merle).
Les Vaudois: Pendant quatre siècles, le massif du Pelvoux a fourni asile aux vaudois, secte religieuse initiée au XIIèmesiècle par Pierre de Valdo, riche marchand lyonnais né au XIIème.siècle à Vaux près de Lyon. (Gl. Beauvais) Le principe est le renoncement et Valdo distribue ses biens aux malheureux. Le culte se réduit à la prière et à la lecture des livres saints. Quiconque pratique la pauvreté peut remplir des fonctions sacerdotales et notamment administrer les sacrements et prêcher l'Evangile. Les images taillées sont refusées. Les pasteurs Vaudois étaient appelés lesBarbes (Roger Merle).
La religion s'étend dans le Lyonnais et l'Eglise s'en émeut. Pierre de Vaux est condamné par le Pape mais ses disciples se répandent en Comté, Bourgogne, Provence et Dauphiné. Dans le Pelvoux, ils se font oublier pendant deux siècles. Ces doctrines séduisirent les montagnards qui prisent la liberté individuelle. Une des réactions de l'Eglise fut de multiplier les paroisses et les ordres laïcs (Roger Merle Mais les persécutions reprennent. Au XIVèmesiècle, on allume des bûchers à Embrun et Briançon. En 1488, une véritable croisade partira de Grenoble et les Vaudois seront exterminés. Le coup final est porté au XVIIèmesiècle; après la révocation de l'Edit de Nantes. Huit mille hommes de troupe font le vide dans les vallées (Vallouise, Valgaudemar, Champsaur etc.). Le culte vaudois ne s'en remettra pas malgré la Révolution. En 1929, il ne restait plus de ce culte que treize églises dans trois hautes vallées du Piémont.
Protestantisme.Guillaume Farel (Gap 1489-Neuchatel 1565), né à Farelle près de Gap Guide Michelin. Il fut un ardent prédicateur protestant et c'est lui qui installera Calvin à Genève. Le chef des Huguenots, le Baron des Adrets (1513-1586), prend les villes de Grenoble, Vienne, Lyon, Valence, Orange et brûle ou saccage les églises Guide Michelin. Ses atrocités le font déchoir de son poste de commandement et il passe aux catholiques. Montbrun (1530-1575) lui succède avec la même cruauté envers les catholiques et finira décapité place Grenette à Grenoble; Lesdiguières qui fut l'un des principaux capitaines d'Henri IV, devient alors le grand chef protestant. Il prend Embrun (1585). Il abjure en 1622 et meurt en 1626.
Dauphiné | France |
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La Réforme, prêchée par Guillaume Farel, se propage très vite dans le Dauphiné. Les
guerres de religion y sont violentes. le baron des Adrets, Montbrun, Lesdiguières organisent
la résistance des protestants. 1598: L'édit de Nantes met fin aux guerres et accorde treize places de sûreté aux protestants: Gap, Serre, Embrun, Briançon, Die, Grenoble etc.; |
1589-1610: Règne de Henri IV. |
1689: révocation de l'Edit de Nantes Quarante mille protestants dauphinois s'expatrient |
1643: Avènement de Louis XIV |
1789: Malgré la distance et les difficultés de communication, la nouvelle République Française, poursuivant en cela la politique des rois de France, mais avec des moyens plus efficaces, donna la priorité aux liaisons avec Paris, sans tenir compte des liens privilégiés des Hautes-Alpes avec le Piémont.
La Savoie faisait alors partie des possessions de Charles Emmanuel III de Savoie, duc de Savoie et Roi de Sardaigne, puis de son fils Charles Emmanuel IV. Elle fut envahie par les troupes françaises révolutionnaires en 1792, et annexée à la France par le traité de Paris le 15.mai 1796. Après la défaite de Napoléon elle fut restituée à Victor Emmanuel I, fils de Victor Amédée III, par le second traité de Paris de 1815.
C'est Napoléon III qui en 1858, par une entrevue qu'il suscita à Plombières avec Cavour, ministre de Victor Emmanuel II, décida du sort de la Savoie en échange de l'aide des armées françaises contre l'Autriche et la création du Royaume d'Italie. La réunion de la Savoie à la France eut lieu en 1860 après référendum local.
En 1882 l'alliance triplice, regroupa à l'instigation de Bismark, l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie et l'Italie.
Dauphiné | Savoie | Europe |
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1788: 7 Juin: Journée des Tuiles à Grenoble à la suite d'une tentative d'abrogation du
Parlement juin: L'assemblée des notables à Grenoble demande le rétablissement du Parlement et la convocation des états généraux 1788: 21 Juillet: l'Assemblée de Vizille confirme les décisions de Grenoble |
1789, 5 mai: ouverture solennelle des Etats Généraux par Louis XVI. | |
1791: Le Dauphiné réparti en trois départements: Isère Drôme, Hautes. Alpes. Les archevêchés de Vienne, Embrun, et l'évêché de Die sont supprimés. | 1792: La Savoie est envahie par Napoléon et est annexée à la France le 15 Mai 1796 (traité de Paris). Elle devient alors le département du Mont-Blanc et du Léman. | 1791, 30 Septembre: clôture de l'Assemblée Nationale Constituante - Sacre de Napoléon I. |
1814: Siège de Grenoble par 20 000 autrichiens. Prise en 1815. | la Savoie est restituée au Roi de Sardaigne | |
1815: Août-Novembre: Blocus de Briançon, Passage de Napoléon de retour de l'île d'Elbe | 1815: Bataille de Waterloo | |
1859: Napoléon III, se portant au secours du roi de Sardaigne, menacé par l'Autriche, passe par le Montgenèvre. | 1860: Savoie cédée à la France en même temps que le Comté de Nice, pour le prix de l'aide apportée par la France à Vittorio Emmanuele II dans la réalisation de l'unité italienne. | 1852-1870: Règne de Napoléon III |
Début du tourisme (Varappe et Ski dès les années 1930);
Fin de la deuxième guerre mondiale: cinquante années de paix et d'appui du pouvoir central;
Pendant et juste après la guerre régna une extrême pauvreté. Comme les traditions étant encore vivaces, les cultivateurs ont pu reprendre leurs anciennes techniques d'auto-subsistance;
Le passage de la frontière à Clavière date du traité de paix du 15.09.4739..
Derniers alpages en 1952 à Goudissard;
Reprise du tourisme à partir des années 1950.
Loi sur la montagne: l'intégration de la France à l'Union
Européenne
(et au système économique mondial de plus en plus libéral) oblige à
protéger les revenus des populations de montagne.
Rapide modernisation au cours des années 1990 et accélération
au début du XXIème siècle.
C'est au cours de XIXème siècle que l'on passe progressivement de l'ancien système de mesures au système métrique. [Anciennement (Larousse encyclopédique de 1979) D'après Anciens Systèmes de mesure (1820): Longueur: Lieue (Gaul.) de poste: 3,898km (2000 toises) Lieue kilométrique: 4km. Lieue commune: 4,445km. parfois estimée à 5km.. Toise, de tensa (lat.) étendue:1,949m. ou 2m) Pied: 6 à la toise (3 au mètre). divisé en 12 pouces eux-mêmes de 12 lignes de 2.256mm.. Les valeurs étaient peut-être différentes pour le Briançonnais. ]. Pour les surfaces, Arpent (Arepennis, Gaul.). vaut de 0,35 à 0,5ha selon les régions (Ladoucette) divisé en 100 perches (Larousse Encyclopédique) elles-mêmes de 400 pieds carrés ou 2842,21m2 (Amouretti). René Dumont parle aussi dans la vallée de sétérée., environ 116 ares.
Les cultures retardent de 5 jours par 100m d'altitude (Ladoucette.)
L'irrigation était vitale pour la production, notamment en altitude, du fait de la sécheresse des mois d'été. Des systèmes d'arrosage étaient mis en place avec un mansier syndic chargé par les pariers (utilisateurs) de l'entretien, de l'usage et de la police des prises d'eau pour l'arrosage d'un mas c'est à dire un groupe de maisons (T. A. Chabran et A. Rochas d'Aiglon ) . Un prayer pouvait être nécessaire pour la réparation des rigoles d'arrosage.
Les communautés nécessaires à la mise en valeur des hauts apparaissent dès leXIIIèmesiècle. Elles jouent un rôle déterminant en acquérant des droits politiques, administratifs et économiques [chartes] qui en font les ancêtres de nos communes actuelles.[Note de l'auteur:.: une même situation de montagne aurait produit les mêmes effets en Confédération helvétique et dans les Escartons. Trop petits, ceux-ci auraient été absorbés.].
Laine et Chanvre XIVèmeet XVIèmesiècles. Au XVème siècle, apogée des foires de Briançon. Au XVIIIèmesiècle, coton, plus rentable. Mais au XVIIIèmesiècle,. perte des communautés d'outremont. Après 1815, verrouillage des frontières du Montgenèvre, d'où le déclin, la fin des Escartons et de l'autorité Briançonnaise (C. Avocat).
Les prunes de La Salle sont recherchées. Cette commune est industrieuse avec des filatures (laine et coton), une papeterie.
Les eaux thermales du Monêtier et du hameau deLa Lichesont connues (fractures, rhumatismes) [ce qui pourrait expliquer l'origine du nom de la Guisane:AquiSanala santé par les eaux].
La métallurgie est répandue avec des martinets à Forville, au Grand Villard [Officiellement "Villard St. Pancrace".]etc. On y fabrique des faucilles, faux et autre matériel agricole.
L'industrie la plus importante a été l'usine de la Schappe (bourre de soie) de Briançon, qui drainait une bonne partie de la main d'œuvre des environs.
Dès avant la Révolution, les services chargés des Forêts furent en rivalité avec les municipalités pour la gestion du territoire. Les E&F reprochaient aux municipalités le surpâturage (ovins) cause de destruction des forêts et d'aggravation de l'érosion et des colères des torrents. Les ovins sont pourtant l'un des rares moyens de survie dans la vallée. Au XXème siècle, leur arme fut la création de forêts domaniales aux dépens des terres communales et privées, et le rationnement strict de l'affouage. (voir la thèse de D. Poupardin)75.
A la fin du XVIIIème siècle, il était plus facile pour les Briançonnais d'aller en Piémont qu'à Grenoble vers laquelle il n'existait qu'un sentier muletier (B. Amouretti).
La couverture courante semble avoir été la lauze [restées en usage dans les vallées italiennes]. A Saint Chaffrey, les maisons sont couvertes en lauzes ou en planches (une explication possible pour le nom du Villard-Laté). Au Monêtier, les lauzes prédominent (Ladoucette). Maintenant, en 2009,: le bac acier, avec une tendance au retour des grands bardeaux de mélèze. Mais qui sait si les panneaux photovoltaïques ne prendront pas bientôt le dessus?
La guerre de 1939-45 avait fait revenir les campagnes françaises à l'autonomie et aux vieilles techniques de production et d'échange local. Les générations qui commencèrent à travailler à cette époque ont conservé les valeurs traditionnelles. Les évolutions après 1945 ont été d'autant plus visibles. Au Goudissard de La Salle, hameau d'alpage, 1952 fut la dernière année où toutes les familles se retrouvèrent ensemble pour l'été. Encore manquait-il déjà une ou deux familles. Sur quatorze maisons, onze furent vendues à desétrangerss[Estrangeas: personne extérieure à la vallée.]au cours des années cinquante et soixante.
D'après ledictionnaire historique de la langue française (le Robert) les évolutions linguistiques se font sous l'influence des puissants du moment, militaires ou marchands, mais chaque langue ne peut éviter une forte diversité pour des raisons sociales et géographiques. Du point de vue social et pour prendre le latin en exemple, le parler rural différait du parler urbain, lui-même du latin officiel, souvent plus rigide. Du point de vue géographique, chaque région a ses particularités, notamment du fait de l'histoire: les anciennes langues persistent dans les dialectes à côté des nouvelles langues (substrat) elles-mêmes influencées par les apports postérieurs à leur installation (superstrats) liés aux mouvements de population ou invasions, notamment les Germains (Ostrogoths en Italie, Wisigoths dans le sud-Ouest de la France).
Une communauté d'intérêts a longtemps soudé ces différentes vallées et donné de nombreux traits communs à leurspatois, malgré des différences assez marquées. La géographie, et surtout les fortes contraintes techniques dues aux conditions de vie dans les Alpes, facilitent également la diffusion de termes techniques communs (Alpe, armaille... et dérivés). Il s'agit donc de langues comportant plusieurs dialectes évoluant en interaction, sans que l'on puisse choisir une norme.
Les langues nouvelles se sont souvent superposées pendant quelque temps aux précédentes avant de prendre leur place. Les langues pré-indo-européennes, antérieures aux langues celtes, ont presque entièrement disparu, sauf quelques vestiges comme leBasque. Aux environs du Briançonnais, on peut espérer retrouver des vestiges d'Etrusque, autrefois parlé en Toscane, et de Ligure, langue du Piémont et de Lombardie. Les languesceltiquesont régné jusqu'à l'emprise romaine. Elles avaient été apportées du Haut Danube en plein âge du Bronze, dès 1600 aec. et finirent par couvrir toute l'Europe de l'Ouest, et notamment Marseille vers -400 aec. Elles connurent leur apogée au Iersiècle aec. Mais il n'en reste que très peu de traces dans le Briançonnais, sauf dans les noms de lieu. Le Latin ,surtout sa branche orale, s'est progressivement imposé au fur et à mesure de la conquête romaine. A la chute de l'Empire, le latinpopulairea évolué vers des formes intermédiaires le gallo-latin (100 - 800) ou pré-roman, puis vers le Roman déjà présent au IIIèmesiècle. Le Roman connaîtra son apogée vers le Xème siècle en couvrant le nord de l'Espagne jusqu'à la Loire au nord, jusqu'à la Roumanie à l'Est. Plus modestement, Mistral ditdes aup i pireneù. Il s'agit plutôtdesRomans pour lesquels on distingue approximativement neuf blocs (ibéro-roman, français, franco-provençal, occitano-roman, italien, sarde, rhéto-roman, dalmate, roumain).
Parmi les dialectes qui nous intéressent, nettement différenciés dès le Xèmesiècle nous retrouvons l'occitano-roman, futur Occitan, qui est devenu autonome vers le Xème siècle (ancien-occitan) et surtout à partir du XIIIème siècle. Il restera subdivisé en quatre blocs géographiques: Gascon, Catalan, Nord-Occitan (Limousin, Auvergnat), Vivaro-Alpin et Occitan moyen (Langue d'Oc et Provençal qui règne jusqu'au Piémont, au contact avec le Franco-Provençal et l'Italien). Le Franco-provençal [Ce terme prête à confusion car le Franco-Provençal ne descend ni du français ni du provençal. Le terme savoyard serait mieux approprié car son aire correspond assez bien à la zone d'influence de la Maison de Savoie.] couvre Fribourg, Neuchâtel, le Valais, le Genevois, la Savoie (jusqu'au Lautaret et au Galibier), le Val d'Aoste, le Nord-Dauphiné et le Lyonnais, plaque tournante de l'ensemble. Il doit être considéré comme une langue bien spécifique, détachée du gallo-romain dès le Xème siècle. Le Piémontais reste très proche de l'Italien, diffusé à l'ensemble de l'Italie par la richesse de la culture Florentine.
Les Rois de France avaient déjà fait du francilien la langue des actes officiels (Edit de Villers Cotteret publié en 1539 par François Ier). Pour Dubois qui parle du picard,Ce language[le francilien] qui, en littérature, n'était pas aussi riche que le Picard, va prendre petit à petit la pas sur les autres. Ceci est vrai aussi du provençal. La Révolution soumettra les régions françaises à l'influence prépondérante, et autoritaire du centre, rompant ainsi la continuité que l'on retrouve encore entre le Catalan et l'Italien: On ne parlera bientôt pluspatoisdans le Briançonnais.
D'après "idiomes dauphinois" les patois du Dauphinois dérivent de la langue Romane provençale, exclusivement utilisée en Dauphiné jusqu'au règne des Dauphins de la 3ème "race" [dynastie];
Pour Ollivier, de la décadence de la langue latine... se forme un idiome vulgaire [populaire]... qui atteignit en fin du XIIIème.siècle le terme de sa perfectibilité [sous le nom de] Langue romane, commune à tous les peuples méridionaux, Italiens, Espagnols, Provençaux [c'est à dire] de la Loire aux frontières de l'Espagne et de l'Italie. ... Le roman déchoit progressivement à partir de la fin du XIIIème.siècle et se ploie aux mutations grammaticales que lui impose la langue [ d'oïl]. Le Roman évolue enFranco-Provençaldans les régions de Grenoble et de Maurienne et enOccitandans l'Embrunois.
PaulLouis Rousset distingue le Nord-Provençal (Valence jusqu'à Romans, Gap, Briançon, et le sud et sud-est de l'Isère) et le Franco-Provençal (Pontarlier, Lyon, Vaud et Valais, Isère (sauf le Sud), Savoie dont la Maurienne). Ces divisions, issues de la "lingua romana rustica" datent du Xème siècle. Les frontières linguistiques s'expliquent par le relief mais aussi du fait que la zone du provençal aurait été beaucoup plus rapidement colonisée par la culture romaine en raison des similitudes, alors que la Gaule "chevelue" aurait été plus lente à assimiler, et aurait de plus subi de nombreuses influences notamment germaniques.
Il faut aussi noter l'incompréhension linguistique, due à l'inculture, entre géographes et gens du crû (PaulLouis Rousset), quand ce n'est pas pur impérialisme: celui qui renomme un lieu pense ainsi le dominer. L'histoire linguistique est ainsi fortement liée à l'histoire politique.